Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 08-09-2009 à 12:48:00
Quand l'artiste devient vedette.
Ou bien personne ne vous connaît, on ne s'intéresse pas à vous et à plus forte raison à ce que vous faites. Un créateur sans public, enfermé dans son univers peut l'enrichir, le sublimer ou aussi s'y perdre, se pendre à l'arbre qu'il a planté.
Ou bien on s'attache à ce que vous faites, et cela peut aller jusqu'au culte fétichiste. Un Dali ne pouvait créer que selon un cérémonial alliant la provocation, à la mise en scène ; un Picasso ne pouvait griffonner la moindre ébauche de dessin que, déjà, on se l'arrachait et criait au génie. Quelle angoisse, pour celui qui est honnête avec lui-même, cette attention si grande que vous devez alors hésiter à vous manifester. Il y a enfin le créateur qui fait, de l'effet de sa création, d'une mise en valeur de sa propre vie, une manière d'art et il est condamné à vivre selon l'image que l'on a de lui, soit par un système de promotion, soit par la mode qui est la pire drogue, du type Warhol.
Dans les années 50 autour du concept de l'art lyrique on accordait à l'acte de peindre une importance qu'il n'avait jusqu'alors pas trouvé, restant secret, et dans l'intimité de l'atelier. On fait de l'acte de peindre un spectacle. Mathieu l'a porté au sommet de sa turbulence et de son panache. L'oeuvre n'existe que comme témoin d'un "moment".
On met un pas dans ce qui va se développer ensuite, la substitution du geste (du choix) à l'oeuvre elle-même. Le tout relevant du spectacle.