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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 09-09-2009 à 12:42:43

Jacques Doucet, le mécène du surréalisme.

L'auteur fut conservateur de la Biblliothèque Jacques Doucet. Ceux qui la fréquentaient n'oublieront pas ses conversations interminables au téléphone , à haute voix, perturbant notre attention d'autant qu'il y a dans le personnage une part de comédien loufoque. Une plume à la main, il témoigne d'un sérieux et d'une exigence exceptionnelles. Son étude consacrée à Jacques Doucet (ou l'art du mécénat) est une formidable incursion dans ses rapports parfois ambigus avec le monde de l'art. Un homme droit, pointilleux, qui fait sa culture sur le terrain et a besoin de s'entourer d'esprits compétents. Son immense fortune lui permet de jouer les mécènes et il aura une part importante dans l'essor de cette modernité incarnée par les poètes qui feront le noyau du surréalisme après avoir (avec la collaboration d'André Suarès), constitué une base à sa bibliothèque qui fait la part belle aux courants poétiques de la fin du XIX° siècle. Pense-t-on aux revues qui scandent la vie poétique du XX° siècle s'éveillant aux idées neuves (Nord Sud de Pierre Reverdy, les revues de Picabia, Littérature de Breton et Aragon) il y a la main généreuse de Jacques Doucet derrière. Sans lui bien des projets n'auraient jamais vus le jour. André Breton sera l'un des pilotes de cet homme à la fois touchant et irritant par une certaine prudence "bourgeoise" que bouscule par ailleurs une soif de nouveauté. N'est-ce pas lui qui est à l'origine de la présence au Louvre de "La Charmeuse de serpent" du douanier Rousseau et ne fut-il pas la possesseur heureux de cette toile charnière : "Les demoiselles d'Avignon" de Picasso.
Inattendue, la lumière que porte l'auteur sur les querelles intestines qui sous-tendent l'émergence de cette génération. Et les portraits ne sont pas toujours flatteurs (Max Jacob n'en sort pas grandi). Ce sont les "petites misères" qu'engendre la pauvreté dont presque tous sont affectés.
La vie privée de Doucet reste discrète tant on a le sentiment qu'elle se confond progressivement avec la collection qu'il constitue où peinture et poésie trouvent leur jonction essentielle. Ce qui caractérise l'époque et le flamboiement créatif qui  marque les Années folles.