posté le 10-09-2009 à 11:55:06
Alfred Jarry à Essonnes.
La poussée des "gens d'esprit" vers la campagne s'accélère à la fin du XIX° siècle avec l'expansion du chemin de fer. A quoi s'ajoute la modicité des prix dans les établissements liés au tourisme qui en est encore à ses balbutiements. On peut dresser toute une cartographie des lieux choisis par peintres, écrivains, journalistes, éditeurs qui se retrouvent au vert, et en chemise, pour jouir en toute impunité, des plaisirs de la nature.
Aux bords de la Seine, ce sera la ruée des impressionnistes, plutôt en son aval (Bougival), alors que les écrivains iront plutôt à l'amont (Mallarmé à Valvins, les Nathason, la colonie de Bouron Marlotte, l'équipe de Barbizon, Daudet à Champrosay)). Corbeil, déjà ville, n'est pas négligée et Jarry en fut l'un des familiers. Faisant équipe avec Valette son éditeur et Rachilde sa confidente, il loue une maison (elle existe encore), se fait construire un "tripode" (c'est lui qui le dit) et fait du vélo, tant sur les bords de la Seine que dans les rues d'Essonnes lieu de villégiature privilégié. Il a du rencontrer ce type de personnages qui alimentent sa verve et qu'il transforme par un excès de l'imaginaire dans le superlatif des aventures qu'il imagine, des situations qu'il invente, d'un monde qu'il confectionne avec une sorte de lucidité rageuse, comme s'il avait franchi le miroir et retrouvait "l'autre", le vrai Jarry.