posté le 11-09-2009 à 10:54:44
La sensualité du Greco.
Voir la peinture non plus avec l'oeil du connaisseur mais l'innocence et la fraîcheur de celui qui la découvre et n'a pas nécessairement toutes les clefs (dont une connaissance de l'auteur) pour moduler son jugement. D'ailleurs il s'agit moins de jugement que d'approche sensible de l'image et d'une découverte de son contenu qui fait moins appel à nos références qu'à notre instinct qui découvrira une signification sans doute plus originale, inattendue de la scène représentée.
Le Greco est bien le peintre qui se prête le mieux à cet exercice tant son style échappe à tout critère d'école et s'impose dans son originalité qui peut parfois être dérangeante. Quoi ! tout ce tumulte et ces corps en extase. Où situer le ressort de ces torsions, élongations qui leur donnent une étrange sensualité. On ne peut parler de plaisir, se risquera-t-on à évoquer la souffrance.
Des serpents entrent en scène. On nous a déjà fait le coup pour expliquer la chute du Paradis. C'est "l'oiseau de mauvais augure", celui par qui le malheur arrive. Alors pourquoi ces corps au tremblement si doux,
On est hors de la ville, (chassée d'elle ?) dans une zone peu définie où la nature gagne sur l'effort humain, alors qu'en toile de fond elle se présente avec toute la majesté de son essor et le rythme ardent de ses clochers, tours et autre signes de sa structure sociale et religieuse.
On en revient aux corps. Seuls ils comptent et s'étalent dans un déploiement qui peut être aussi celui de quelque rite secret (une orgie). On le voit l'oeuvre propose surtout des questions.