posté le 16-09-2009 à 10:45:09
Zola, les goûts d'un nouveau riche.
Zola "nouveau riche".
Quand il s'installe à Médan Zola dévoile tout le mauvais goût d'un nouveau riche. S'il déclare à Flaubert qu'il s'agit d'un "modeste asile champêtre", très rapidement, et au rythme des parutions de ses ouvrages qui lui rapportent beaucoup d'argent, Zola transforme sa demeure. "La maison avait pris les proportions et l'aspect typiquement hideux du domaine que tout bon bourgeois français rêvait alors de posséder et des tourelles massives avaient même été ajoutées à la construction primitive pour y abriter les monceaux de bric-à-brac et les douteuses antiquités que Zola achetait à Paris à de peu recommandables mercantis. Les fenêtres étaient garnies de vitraux et l'on avait édifié des écuries et des étables munies d'un balcon intérieur, du haut duquel Zola pouvait étudier les moeurs de son cheptel. Dans son cabinet de travail, le maître avait installé une immense table-bureau en chêne sculpté derrière laquelle se dressait une vaste cathèdre assortie ; une immense cheminée portait la devise Nulla dies sine linea, et les plantes vertes foisonnaient dans les cache pot. Dans cet intérieur tout exprimait la vanité et la vulgarité, mais les amis de Zola continuaient à trouver auprès de lui le même accueil, sincèrement amical et sans affectation." Et c'est autour de l'écrivain, tâcheron génial d'une oeuvre qui avait la prétention d'englober toute une époque (et le destin humain) que se réunissaient les jeunes écrivains qui allaient signifier leur adhésion en composant "Les soirées de Médan". Manière de souligner l'affection qu'ils portaient à celui qui devenait chef de file d'un mouvement dont il sera bientôt le seul artisan. Le Naturalisme trouvera rapidement ses limites. Mais dans les frontières d'un genre qu'il a magistralement exposé, Zola construira une oeuvre qui reste un formidable témoignage d'une époque. Comme sa maison. Chef d'oeuvre de mauvais goût, mais vaisseau d'une aventure exaltante.