posté le 18-09-2009 à 12:43:42
Ernest La Jeunesse, roi du Boulevard.
La Jeunesse, roi du Boulevard.
Si l'itinéraire des Grands Boulevards était, en cette "fin de siècle", celui de la gloire et des maquerelles, il fut aussi celui de l'intelligence et du talent quand il est spontané, bruyant, peut-être futile mais si brillant qu'il séduit et donne une idée assez juste de ce siècle à la fois vulgaire et pressé, et en raison de cette vulgarité porté à tous les raffinements de la décadence.
Il fallait aux Boulevards, ce fabuleux théâtre, un personnage qui l'incarne et en soit une manière de roi. C'est Ernest La Jeunesse. Un être quasiment diforme, proie privilégiée des caricaturistes, et qui, jusque dans le verbe, portait loin ses bons mots, ses cinglantes critiques, car il avait la plume vacharde et le ton à la mesure de sa cruauté. Il en fera un "fond de commerce" culturel, en se lançant dans le journalisme, ce broyeur de tous les talents. Si bien que son oeuvre reste, côté littérature, plutôt mince et encore marquée par ce don de la saillie, de la satire, du portait qui fait mouche.
Et pourtant, à la lumière de ces modestes incursions dans le verbe qui s'appuie non sur l'écume des jours mais une conscience aigue des choses, on imagine qu'il aurait pu donner le meilleur de lui-même dans des romans qu'il n'aura ni le temps ni la force de laisser. Il y aura cependant : "Les nuits, les ennuis et les âmes de nos plus notoires contemporains, ", "L'Imitation de notre maître Napoléon", mais surtout "L'Holocauste", "Sérénissime", "Demi-Volupté", "Cinq ans chez les sauvages", "Le Boulevard", "Le Forçat honoraire". ¨
Passant de la chronique à la fiction il épouse les frissons de l'époque, la fièvre ardente qui passe du théâtre à la machine romanesque