posté le 26-09-2009 à 11:59:31
La drague d'André Breton.
Henry de Montherlant y allait, depuis le quai Voltaire où il résidait, en fin d'après midi. Le boulevard Bonne Nouvelle, aux voisinages de la Porte Saint Denis était son terrain de chasse préféré, à la recherche de petits minets complaisants. Quelques salles de cinéma au velours décati, y offraient de complaisants refuges pour de hâtives caresses.
A l'en croire, André Breton y flânait plutôt en souvenir de Gérard de Nerval qui attendait la fin du spectacle au théâtre du Gymase, pour courtiser la médiocre Jenny Colon pour laquelle il se ruinera.
"On peut, en attendant, être sûr de me rencontrer dans Paris, de ne pas passer plus de trois jours sans me voir aller et venir, vers la fin de l'après-midi, boulevard Bonne Nouvelle, entre l'imprimerie du Matin et le boulevard de Strasbourg. Je ne sais pourquoi c'est là, en effet, que mes pas me portent, que je me rends presque toujours sans but déterminé, sans rien de décidant que cette donnée obscure à savoir que c'est là que se passera celà (?)". L'aveu est donné dans Nadja.
Voilà le lieu défini dans sa force d'attraction, et le plaisir, l'inconnu, la rencontre au rendez-vous. Et Breton ne savait s'en extraire.
Il suffit encore de penser que Baudelaire, dans son errance parisienne, y fit escale au numéro 11. Les pèlerins n'y affluent pas. D'ailleurs ce sont les marchands de fripes (venus d'Afrique du Nord et ayant conservé les moeurs bavardes et languides de leurs origines) qui investissent l'endroit avec des vêtements toujours "en solde"et les rues en pente douce filent doucement vers le centre de Paris et son ventre des Halles. Breton allait plutôt du côté altier et de très vieilles histoires qui font le charme de Paris et sa mélancolie. Entre le faubourg Poissonnière et la rue d'Hauteville. D'autres poètes y firent leur nid. Il n'y en a plus le souvenir que dans des livres.