posté le 28-09-2009 à 11:09:37
Proust se serait marié....
Elle sera l'une des composantes de Rachel dans La Recherche du temps perdu. Elle monte sur les planches sous un nom de noblesse de fantaisie : Louisa de Mornand. Elle s'appelle en réalité Louise Montaud, native de Lyon (en 1884). Sa soeur est également actrice sous le nom de Jane Moriane et se produit aux Bouffes Parisiens dans des pièces de Maurice Donnay.
Louise était d'une grande beauté : mince, le visage ouvert, la démarche souple, et quand elle débute aux Mathurins en 1903 elle devient la maîtresse de Louis d'Albufera un jeune dandy que Proust se plaît à fréquenter et qui fait parti du petit cercle de noceurs où l'on retrouve également Léon Radziwill, de Guiches (le demi-frère d'Elizabeth de Gramont qui laissera des souvenirs documentés sur son époque), Bertrand de Salignac-Fénelon, les Bibesco, Constantin de Bancovan (frère d'Anna de Noailles).
Louise se laisse entretenir par Albufera qui est très amoureux d'elle mais elle n'est pas une "horizontale" comme l'époque en compte tant. Soucieuse de faire carrière au théâtre elle dose savamment ses relations avec Albufera (qui la servent) et les engagements qui se font timides.
Marcel Proust est très séduit pas son charme et une espèce de gentille qu'elle lui dispense sans jamais dépasser de furtives tentations. Proust, en dépit de son homosexualité, aurait bien envisagé de l'épouser. Mais Louisa mesure les risques et son attachement à Albufera comprend un mélange d'intérêt et de sinciérité. Proust devra se contenter d'une galanterie verbale et la distance (équivoque) qui sert finalement la constitution du personnage de Rachel dans lequel on la retrouve ainsi que des moments de leurs relations.
"O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais".
Un vers de Baudelaire en forme de dédicace sur un exemplaire de "Sésanne et les Lys" seconde traduction de Ruskin que Proust lui offrira, donne la lumière chargée de mélancolie qui scelle leur étrange relation.