posté le 28-09-2009 à 14:13:11
Le Paris de Proust.
Le cadre parisien de la Recherche du temps perdu est spécialement laid et dépourvu de tout charme. C'est celui que le baron Haussmann aura conçu sous la dictée de Napoléon III, autant à des fins urbanistiques que militaires. Il s'est modelé étroitement aux moeurs de la société bourgeoise qui y voyait son rêve de modernité. Curieusement, le gotha que Proust y fait vivre (plus à sa place dans le select faubourg Saint Germain) y prend rapidement des allures de nouveaux riches. Et ses membres les plus éminents (Greffulhe, Chevigné) ne sont pas tellement éloignés de ces bourgeois cossus qu'ils snobent, donnant plus volontiers de la particule pour vanter de lointains ancêtres qui guerroyaient au Croisades.
C'est d'ailleurs la fascination du nom qui prévaut chez Proust, la modèle souvent décevant tant il est difficile d'en être digne.
Le quartier Saint Augustin avec la montée du boulevard Malesherbes (vers le parc Monceau) sera l'adresse privilégiée de Proust dans plusieurs étapes de sa vie. Ses amis les plus proches en sont aussi les riverains. C'est toute une population, qui se déverse sur les Champs Elysées ou le Bois de Boulogne pour se montrer dans la splendeur de ses apparences et le jeu subtil et vaguement pervers de la galanterie qui y déploie ses fastes et ses vanités. C'est le quartier des "horizontales" la version mondaine de la lorette, celle-ci plutôt versée vers le monde des artistes et celle-là dans les alcôves des ducs décatis.