posté le 30-09-2009 à 10:31:03
Le salon de Madeleine Lemaire.
Sans beauté, quand il en fallait tant pour se faire reconnaître, Madeleine Lemaire avait pour elle le "savoir mondain" et recevoir en sa maison du 31 de la rue de Monceau, dont le jardin planté de lilas embaumait les soirs de concert quand la maîtresse de maison réunissait chez elle le "meilleur monde" où se croisaient écrivains lorgnant du côté de l'Académie française, peintre fêtés au Salon et duchesses aux prétentions culturelles.
"Ce sont des artistes : Edouard Detaille, Puvis de Chavannes, Bonnat, Georges Clairin dit Jujotte ou Chochotte, parce qu'il bavarde sans cesse, Jean Béraud qui peint surtout des scènes de la vie mondaine... Au groupe s'associent bientôt des médecins et des écrivains. Tous viennent chez Madeleine Lemaire continuer la discussion commencée à un vernissage, à une réception, à un déjeuner chez Ledoyen. Alexandre Dumas fils est l'astre de l'atelier.... Peu à peu le cercle s'élargit Anatole France, la princesse d'Arfemberg, la princesse Mathilde prennent le chemin du 31 rue de Monceau" (Jeanine Huas). Ce sont des réunions sans prétention et, curieusement, ce public si friand de prérogatives, de hiérarchie, se laisse gentiment bousculer, voire tancer par une maîtresse de maison qui aura gagné une certaine réputation comme "peintre de fleurs".
Proust fera son miel dans ce creuset à la fois titré, talentueux parfois, cancanier, où
se font les réputations et les carrières. La sienne justement y débute.