posté le 02-10-2009 à 15:01:51
Wols dans le souvenir.
Il est des rencontres qu'on n'aura jamais pu faire et qui auraient peut-être modifié notre vie. Lui auraient donné un autre sens. D'avoir "raté" Wols compte parmi les grands regrets d'une jeunesse qui fut avide de découvertes et devra se contenter de ces miettes qu'un créateur laisse derrière lui. Le quartier de Saint Germain des Près était, dans les années 50, encore marqué par le passage de ces deux passants considérables que furent Artaud et Wols, morts tous les deux.
On trouvait encore des livres du premier et des oeuvres du second à des prix abordables, ainsi que des "microbes" de Max Ernst (des empreintes minuscules chatoyantes et si proches de cet art automatique alors en faveur) dont je me souviens certains cartons de galerie étaient fort bien garnis.
Un affrontement avec Grety Wols (une veuve abusive) faillit me coûter ma place de critique dans un journal où je débutais. L'orage passera et ma passion pour Wols se concrétisera bien plus tard avec un petit livre à lui consacré qui tente de faire le tour de cette oeuvre à la fois frénétique et si fine et si près du murmure graphique qu'elle témoigne d'un tempérament rêveur et doux, angoissé surtout.
On est là dans le voisinage d'Henri Michaux, parfois des débuts de Zao Wou Ki, mais avec une charge supplémentaire de fièvre, une sorte d'électricité qui passe dans la main projetant sur le papier toute l'ardeur des sensations, ou encore cette quête suicidaire des vertiges.