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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 05-10-2009 à 15:16:59

Le Bal des Ardents.

La finalité du nu passe par sa vêture, son ornement. Une femme à sa toilette se prépare aux jeux de l'amour, à ses rites, lui ouvrant l'horizon de ses plus profonds désirs. Abandonnant la banalité du quotidien pour s'embraser en des moments qui sont cependant inscrits sur une carte dont elle ignore encore tous les itinéraires et dont elle déchiffrera les paysages variés, dont elle gouttera les fantaisies et où elle s'effondrera dans le culte du plaisir.
De fait, tout est programmé. Le lieu choisi en fonction de sa vocation, les partenaires inscrits dans un registre déjà connu, le plaisir seul est dans l'art de grappiller comme on fait ses gammes dans une société réglée en toutes ses manifestations, codifiée jusque dans ses rêves eux aussi inscrits dans le cycle des habitudes.
Le moment même est un rituel. C'est la fin de semaine, l'heure tardive, quand la nuit  a déjà mangé ses promesses, et s'est épaissie aux premiers miasmes dont elle se nourrie. Une nuit de plomb comme il est des heures du jour qui nous suspendent à notre conscience et nous gèlent soudain sur la plus terrible question qui, à cet instant, traverse notre pauvre cervelle affolée de tant de béances.
Hors de nos vies rivées à ses aspects pratiques, millimétrés, les gouffres s'ouvrent autour de nous et chacun, comme il le peut, y négocie ses vertiges.
Pour cette cérémonie des approches, des confusions et des abandons, la vêture est nécessaire qui a ses codes et ses traditions.
Harnachée, la femme est l'objet des regards mais plus que nous elle est déjà sur le chemin de sa solitude retrouvée au delà du flamboiement de ses étreintes.
Tel le prêtre s'habille pour célébrer sa messe, la femme s'apprête pour entrer dans le rite dont elle est l'objet autant que la victime. Toute une gamme de figures au choix, avec des redites, des récurrences, des caricatures de ce que déverse et coule avec la suavité du plaisir, dans l'esprit du spectateur, l'aspect de la femme qui veut incarner le désir.
Et d'opulentes, et de sévères, et de soir et de cuir, et drapées et entrouvertes, et effrangées et glaciales comme une armure.
Un défile de mode est le spectacle le plus franchement engagé dans le flamboiement virtuel de la femme qui s'y pare et s'y glisse, et s'y abîme sous les regards.  
Notera-t-on que l'importance du vêtement, son sens symbolique n'est jamais plus grand que dans un esprit festif. C'est celui du dédoublement, dans l'esprit du carnaval. On se vêt de fantaisie quand on se dêvait de ses contraintes, d'une pudeur contraignante. L'attrait du nu conduit à l'exploration de son inconscient, celui de la vêture à celle de la communication, aux jeux des échanges sociaux. Se dénuder est un geste égoïste qui nous renvoie à  nous même, se déguiser nous projette vers autrui. Dans un personnage de notre choix, relevant d'un rêve fortifié par le costume, ses étrangetés. Mais qui ne dure que le temps d'une fiction. On s'y brûle aux séductions d'un rêve qui s'y incarne.
Comme le firent ces seigneurs aussi légers qu'inconscients, qui se vêtirent de poils, de plumes retenus par une colle pour une danse qui fut celle de leur propre mort.
Le Bal des Ardents est bien au coeur d'une imagerie aussi riche que désordonnée.
Le corps brûle dans les atours de ses rêves. La Bal masqué est l'espace privilégié de la rencontre provoquée  et de la surprise souhaitée. Derrière le masque :l'attente. Réduit à ce objet que l'on tient devant le visage comme pour le doubler. Masque, cet éventail qui colle à la peau. Seul le regard est vrai quand tout ce qui l'entoure relève du grimage. Il y a lieu de s'interroger sur la propension à glisser vers le monde animal. Plumes, couleurs chatoyantes, matières frissonnantes. Toute femme masquée se fait oiseau.


Extrait le "La Femme flambée, de la Sainte Vierge à Brigitte Lahaie."
 






 

Commentaires

oups007 le 06-10-2009 à 11:54:19
bonjour Sorel, superbe article littéraire! mes lutins sont plus futés que moi, pour l'analyse de texte! dans ton texte on retrouve beaucoup le condition de la femme, même sans le dévêtu! superbe! ton blog est plein de beaux extraits littéraires! beau, parfait pour ma part! je parle au nom de tous! doux bisouxxxxxxx sorel et encore merci pour tes gentils passages! tendresse la fée plume et les gentils lutins