posté le 11-10-2009 à 14:43:00
Wols vu par Sartre.
L'année 1948 avait été faste pour Wols, outre de nombreuses expositions il illustre plusieurs ouvrages de bibliophilie (des textes rares ou confidentiels ) : Le Berger d'Ecosse de Jean Paulhan, L'Invité des morts de Kafka, Le théâtre de Séraphin d'Antonin Artaud, Chaystre de Georges Lambrichs, Bref d'Alain Borne et surout Visages de Jean Paul Sartre, lequel s'attache à cet artiste alors à la dérive.
Ecrivant sur lui il précise : "il laisse sa pensée pour toujours aliénée s'organiser en pensée plastique de l'aliénation" . En effet, loin de toute représentation, transposition, l'oeuvre s'est substituée au sujet qu'elle pouvait supposer. "C'est une gouache par elle-même, improvisée, qui ne renvoie qu'à elle-même".
C'est à l'instant où il se dégage le plus franchement de toute référence extérieure du monde du visible qu'il atteint son but. Voir au-delà. C'est bien le rêve de tout un siècle de pensée, d'expression, qui marchait sur les traces des grands inventeurs du XIX° siècle, prétextant de la modernité qui est finalement moins un sujet qu'une manière d'être, de revoir le rôle de l'art, de s'y engager sans calcul, d'être son oeuvre.
D'une peinture qui navigue dans les espaces de la rêverie ("Klee c'est un ange, Wols un pauvre diable" Sartre) Wols a a exploré son propre univers, ses entrailles, et à son tour, ouvert la voie à une peinture d'expression pure, sans sujet. Devenue l'objet de son expression. A sa manière il précipite la peinture vers sa fin dernière. Brûlée sur le bûcher de ses exigences. En une sorte de kamikaze.