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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 13-10-2009 à 14:30:34

Fontana fait des trous.

Dans les années 60 Fontana était une vedette dans l'univers encombré de l'avant-garde. Sa méthode, simple, consistait à trouer la toile préalablement colorée (bleu, rose, rouge). L'écriture se confondait avec les lignes éventuelles d'alignement de ces trouées brutales mais significatives. On pouvait gloser à foison pour justifier cette attitude. L'expliquer.
On pouvait en effet y voir l'affirmation, assez simpliste mais efficace, d'une sorte de désespérance du peintre ayant totalement usé l'arsenal de l'image et du signe abstrait, qui, lui aussi, a ses limites (autant que ses facilités).
 Fontana était l'exemple même d'artistes qui enchantaient les théoriciens de l'art, car il impliquait, de leur part, une mise en mot, en raisonnement, de ce qui n'était ,en fait, qu'un geste primaire. Plus le geste est primaire, revenant aux forces instinctives les plus inconscientes, plus l'explication est subtile, encombrée (?) de références littéraires ou philosophiques (ce qui est pire).
Fontana faisait partie de ces artistes qui ont largement contribué (depuis Marcel Duchamp) à la mise à mort de la peinture. Le geste artistique passant par sa seule mise en valeur au détriment de la chose représentée conduit au débordement actuel de situations, environnements, installations qui s'ancrent totalement dans notre réalité. Pour la dénoncer le plus souvent. On est loin de l'exaltation de la modernité entreprise au début du XX° siècle par les peintres qui découvraient l'idée dynamique du progrès, le lyrisme de la modernité.
Ce mouvement de bascule, cette prise de conscience d'une illusion perdue, se révèle à travers des attitudes comme celle de Fontana. Elle avait son rôle à jouer. Mais elle est déjà du passé.