posté le 16-10-2009 à 11:31:31
Léautaud face à la mort.
In Memoriam. Une poignée de pages d'une écriture si sobre qu'elle est "blanche", retrouvant l'objectivité impersonnelle d'un constat de police. C'est un choix. Encore que Léautaud est hostile à tout pathos, tout romantisme et excès de langage.
Il aurait sans doute trouvé indécent, voire obscène, de faire du style quand il parle de la mort de son père. Pas à pas, minute par minute (car l'agonie est longue) il assiste, avec un regard objectif à l'engloutissement progressif d'un corps dans l'espace effroyable de la mort. Avec son frère, sa belle-mère, c'est une sorte de ballet autour du corps qui perd progressivement conscience et que la mort pourtant n'a pas encore statufié. Une épreuve qui l'ébranle mais il ne veut pas l'avouer et qui faire remonter en surface des bribes de mémoire. C'est ce présent abominable et ce passé qui s'enchaînent dans une continuité qui devient malsain.
On est saisi par le propos, rebuté et pourtant on se laisse entraîner dans ce récit hors normes. C'est du meilleur Léautaud, pour lui qui milite pour une écriture au plus près de ce qu'elle dit, sans détours ni fioritures qui laisse, furtivement, émerger quelques notes plus tendres (?) mais qui n'atteint pas l'insupportable manie qui lui est chère de s'extasier sur sa sentimentalité. La fuyant, la muselant comme, parfois des satisfecit qu'il s'accorde allant jusqu'à évoquer l'importance que prendra ce qu'il dit, lui parti, car son destin post- mortem le préoccupe plus que de raison.