posté le 27-10-2009 à 13:24:32
Les Alpilles de Mario Prassinos.
Est-ce un souvenir ou une illusion ? Il me semble que de l'atelier de Mario Prassinos, à Eygallières, on avait une large vue sur les montagnes environnantes. Décharnées, toutes en nervures, brisures, accents vifs et dénonçant avec une calme autorité leur force minérale brûlée par le soleil. Une montagne puissamment écrite contrairement à la Montagne Sainte Victoire de Cézanne qui est de masse, et d'essence géométrique. Prassinos l'avait à portée de main, à portée de regard, dans une sorte d'intimité qui le conduisait à la voir dans sa masse et à la dire dans ses rythmes secrets, ses agitations internes, ses frémissements. D'où l'ardeur de l'écriture pour en traduire l'espèce de fièvre qui conduit la plume, de taches comme crachées, en jets vifs et cherchant leur chemin dans ce labyrinthe des forces obscures, des vies minérales qui nous échappent et nous inquiètent.
Exprimant à la fois la force tellurique et l'ardeur qui l'habite, les circuits contradictoires qui y forcent un chemin, d'où ce très doux tremblement de la matière.