posté le 28-10-2009 à 12:31:18
Robert Walser en figure d'Icare.
Comme un immense oiseau qui se serait effondré sur le sol, inscrit dans la neige, en contraste violent entre la blancheur de celle-ci et ce noir qu'on identifie peu à peu. L'homme aura chuté, c'était pourtant un marcheur averti : Robert Walser.
Il est de cette race qui décline le monde du réel en allant vers le détail qui contient l'immensité. S'assimilant par le regard avec le miracle de la vie.
John Cowper Powys avait bien noté que "le seul fait d'être capable de regarder le mousse verte, les branches tombées etc...suffit à justifier le fait d'être né sur cette planète" . Et c'est Philippe Delerm qui trouve cette si jolie définition de la marche : "les chemins nous inventent" ce qui est une manière nouvelle de reprendre l'idée de Montaigne affirmant que "tout mouvement nous découvre"
Sont multiples les formules heureuses pour valoriser l'art de la marche. De Guy Debord qui avait créé un étonnant itinéraire du voyageur, et donne une nouvelle méthode pour le penseur (qui aura quitté la cabinet de travail) : " La formule pour renverser le monde, nous ne l'avons pas cherchée dans les livres mais en errant". Et Walter Benjamin, plutôt porté aux atmosphères urbaines (les fameux Passages parisiens), évoque "l'ivresse qui s'empare de celui qui a marché longtemps sans but dans les rue".
Robert Walser l'évoque lui-même, le revendique, "le pas tranquille". Nulle attitude théâtrale dans sa prise de possession du monde dans ses aspects les plus quelconques (choses et gens). Il veut être "personne", ne pas avoir de relief comme pour mieux s'intégrer à l'environnement qu'il absorbe et curieusement, si soucieux de bienséance, comme si elle facilité le gommage volontaire de sa nature rêveuse.
Commentaires
Heureuse découverte, ici, d'un auteur que je lis encore , et, ce jour-même : "une vie de poète ; la rose..."
Une fraîcheur, que votre article, donc...