posté le 30-10-2009 à 10:26:12
La malle de Pessoa.
L'héritage du poète.
Celui-là, ou un autre. On le voit écrire (avec discrétion), ou l'on sait qu'il écrit. Il n'en fait pas métier, n'en fait pas carrière. L'écriture c'est sa messe basse, c'est son mystère, c'est son souffle. Alors, patiemment, années par années, les cahiers se sont entassés dans une malle. Pourquoi une malle. L'idée du voyage, du départ, d'un autre destin ?
Une malle abandonnée laisse toujours supposer une tranche de vie. Elle peut être aussi sa version macabre. On y entrepose parfois un cadavre, un autre mystère.
Une malle donc. C'est innocent et sans relief. C'est surtout standard. Comme les cahiers. On pourrait y faire des comptes, et ce sont souvent des cahiers pour comptabilité dont font usage les poètes qui y enserrent leurs textes.
L'oeuvre ne peut vivre, voir le jour, que l'auteur disparu. C'est sa seconde vie. Plus qu'une survie. Sans doute il entre dans la légende, il est forcément grandit puisqu'il est reconstruit. De toutes pièces. Avec des souvenirs, des témoignages, des documents qui sont les miroirs d'instants, d'événements qu'on aura tendance à enjoliver.
Il est des malles mythiques, comme celle où Blaise Cendrars prétendait avoir déposé des pans entiers de son oeuvre ; des malles qui sont un peu une bouteille à la mer, comme celle de Raymond Roussel retrouvée au garde meubles, contenant des oeuvre inédite, des manuscrits précieux. Des malles qui sont un peu la bibliothèque de l'avenir de l'oeuvre qui y est enclose. C'est celle de Pessoa.
Commentaires
A revenir par cet article, je vous avoue que j'y ai moi-même songé, à l'achat d'une malle, aussi n'en trouvant pas de suffisamment grande, je me contente de glisser dans une dizaine de cartons les manuscrits écrits entre 1985 et 2008, tous inédits..., ils me font ainsi remparts contre les vents grossiers de la solitude et du silence, pays réel de l'écrivain...