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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 02-11-2009 à 12:16:37

Visite à Man Ray.

Conversation avec Man Ray, dans son atelier rue Férou.  (suite).

Je venais de trouver dans la caisse d'un bouquiniste, rue de l'Odéon, en allant chez Man Ray, le petit livre qu'avait publié Georges Ribemont-Dessaignes. J'appréciais l'alliance fraternelle de ces deux esprits espiègles.  

- Vous êtes un artiste qui considère qu'il n'y a pas de technique privilégiée en art. Vous en faites un principe. Ce qui compte, c'est l'idée, et peu importe le véhicule. Si  bien que vous avez fait de la peinture, de la photographie et vous composez aussi des objets, les agencez pour leur leur donner un sens au delà du problème esthétique, enfin vous avez abordé le cinéma (on en parlera une prochaine fois).
-Il faut dire une chose, si j'ai plusieurs cordes à mon arc la cible est toujours la même. Je me sers du médium qui convient le mieux à mon idée. Par exemple, je peins des choses que je ne peux pas photographier (ma vision dans ma tête ou un rêve), je photographie les choses que je ne veux pas peindre. Mais je peux changer d'idée en cours de route. Par exemple préparer une nature morte (je n'aime pas le terme) pour la peindre et finalement, parce que l'effet du rendu sera meilleur, prendre mon appareil photographique. Et clic-clac, c'est dans la boite.
Une anecdote pour illustrer ce propos. C'est en Amérique. une petite fille vient dans mon atelier, c'est une voisine,  Elle regarde ma peinture sur le chevalet et l'objet sur la table, que je viens de peindre. : Alors, tu aimes ma peinture ? Oh oui, elle est très jolie, mais pourquoi as-tu deux fois la même chose? "
Pensez la chose comme vous voulez, ce sont souvent les enfants qui vous mettent devant les vrais problèmes.
- Le cinéma ?
- Oui, alors, après avoir fait tant de photos, certaines de mes compositions qu'on appelle abstraites (remarquez qu'elles ne sont pas abstraites, car tout est concret !)
je voulais voir les choses en mouvement. Alors j'ai commencé à tourner, je les faisais bouger, tourner, mais ce n'étaient que de très modestes petits films.
- Vous faisiez des films pour votre seul usage, un  peu pour vérifier votre travail.
- En quelque sorte.
- Pourtant la tentation était grande d'aller un peu plus loin. C'est comme ça qu'est né "L'Etoile de Mer". Il est passé au studio des Ursulines, un haut lieu du cinéma d'avant garde, fréquenté par les surréalistes puis au Cinéma du Vieux Colombier.
- En somme il a amorcé sa carrière de film de référence. Ce qu'il est devenu.