posté le 05-11-2009 à 12:29:48
Du musée au Salon.
La promenade au musée faisait partie des rites mondains de la bourgeoisie quand celle-ci se targuait de culture et progressait socialement grâce à elle. Elle touchait aussi le "peuple" qui, poussé par la ferveur révolutionnaire, voulait accéder à la connaissance de ce qui, jusqu'alors, avait été le privilège des classes "supérieures".
Le cabinet de curiosité de l'homme cultivé du XVIII° siècle était devenu public, ouvert à tous. On le fréquentait en général chaperonné par un aîné en mesure de donner les clefs de la signification des oeuvres qui y étaient présentées, surtout la peinture qui a toujours suscité de nombreux commentaires. On y allait en groupe, ou en couple, car porté à commenter, l'art étant le support d'une culture historique. Il raconte le passé, les légendes, les hauts faits de l'Histoire. Il est l'expression d'une recherche du beau. Voire de l'absolu (Balzac) une élévation de l'esprit qui implique qu'il est abordé comme une religion. On ne va pas au musée comme l'on va au jardin. Encore qu'un brin de coquetterie n'en soit pas totalement exclus.
Parce que le musée est le label de l'excellence il implique du visiteur une attitude respectueuse, presque religieuse. C'est le Salon, dans sa version ouverte au XIX° siècle, qui va modifier l'attitude des visiteurs et faire courir le rire sur les foules comme en susciteront les avancées de la peinture (l'Impressionnisme). Le respect s'est perdu, remplacé par la critique, voire le scandale. C'est l'amorce d'un divorce profond de l'art avec son public. Il va devenir le territoire expérimental des formes mêmes d'expression, et gagner un nouveau public : celui des spéculateurs.
Et, aujourd'hui, fréquenter le musée n'est pas étranger à une forme de snobisme.