posté le 07-11-2009 à 16:39:38
Van Dongen à Deauville.
Le monde de Fitzgerald, celui de Paul Morand ?
On est France, au temps de la découverte de ses trésors, de ses sites pittoresques grâce à l'action du Touring Club de France. Un agenda édité par ce dernier offrant pour chaque semaine une image invitant ici ou là dans la diversité de terroirs avec chacun son folklore, sa cuisine (important la cuisine) et des propositions hôtelières qui donnent l'envie à chacun de quitter son foyer pour partir sur les routes.
On a en tête les pages d'une littérature à la mesure de ces appétits nouveaux, modelés à des usages qui restent mondains. On n'est plus dans ceux analysés par Proust, (déjà dépassés) et plus volontiers ostentatoires, d'autres chroniqueurs (génie en moins ?) en proposent qui collent mieux aux statuts de la bourgeoisie, cette frange toujours agissante des impulsions collectives auxquelles elle donne leurs couleurs.
Direction Deauville. Les femmes s'y exhibent, "sur les planches", en jupes culottes et que croque, narquois, un Van Dongen gagné aux futilités du succès ; Pierre Mille, Joseph Kessel, André Maurois, Jacques Chardonne, Henri Béraud, Francis Carco, Jeanne Galzy, Irène Némirowsky, se taillent de jolis succès de plage.
Des couples jouent le jeu de l'amour et du hasard en tenues taillées pour les danses vivement rythmées, donnant un vague écho aux décors de théâtre inventés par Jean Hugo ou Christian Bérard.
Est-ce la France d'un bonheur taillé sur mesure avant l'orage. On a bien l'impression que chacun joue un rôle dont il connaît la partition. N'est-ce pas le temps mesuré du bonheur entre deux cataclysmes. On parlera des "Années folles"