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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 09-11-2009 à 10:07:43

Gaston Chaissac l'art du bindonville.

Il fallait l'oser. Assembler ce qui ne semblait pas destiné à l'être, et, surtout, objets si loin de l'idée que l'on se fait de l'art qu'on les croyait  condamnés à la  décharge publique, à l'oubli. Objets maudits pour un oeil épris d'esthétisme, ravalés à des fonctions qui furent peut être utilitaires, et condamnés à disparaître une fois leur usage dépassé.
Mais l'oeil de Gaston Chaissac passe outre les préjugés, les habitudes, les conventions, et retient ce qui est condamné à disparaître. C'est le principe de Marcel Duchamp (valoriser un objet du monde ordinaire- le mettre "en situation") mais au stade le plus délabré, au delà du caractère pratique qui peut, à la rigueur, lui donner quelque prestige. Le choisir à son état le plus primitif.
 Il retrouve d'ailleurs la saveur des "artistes primitifs" qui composent des totems avec des morceaux de bois tout juste équarris. L'assemblage est la part inventive du regard, l'avancée dans le sens donné à l'objet en dépassant sa fonction première. Mais, souvent, il se laisse porter par son instinct et finalement joue la fantaisie, le calembour plastique. Si Duchamp semble obéir à une certaine dimension intellectuelle (son art suscite une flopée de commentaires) Chaissac se laisse aller à son instinct qui est fait de saveur et de facétie, non dénuée parfois d'une touche d'inquiétude. Et c'est ce qui fait tout l'attrait de cette oeuvre à la fois drolatique et apparemment naïve.

 

Commentaires

Saint-songe le 09-11-2009 à 10:34:42
Jeunet dans son dernier Mic-Mac a donc mis du Chaissac !

Tire Larigot d'une décharge...

J'ai toujours pensé que Chaissac avait son plagiaire en la personne de son..."ami" Dubuffet (il nous suffit d'accoler les visages de l'un et de l'autre pour s'en rendre compte )