posté le 11-11-2009 à 15:48:04
Sainte-Beuve, un alibi.
Sainte Beuve n'est qu'un prétexte. Une cible parce que sa méthode, qui suppose que l'on approche au mieux une oeuvre en cernant le caractère de son auteur, (d'où l'usage des témoins, ce qui a le risque de déplacer l'analyse sur un bouquet d'anecdotes, d'éléments qui affleurent seulement la vérité du sujet observé), semble mauvaise au jeune Proust qui se cherche encore et ébauche les grands courants de son oeuvre à venir. On y voit déjà quelques uns des détails si essentiels à la couleur même de son univers, se concentrer, trouver leur allure.
Il n'est pas jusqu'aux obsessions dont la Recherche saura se nourrir, qui s'impose en notes vigoureuses, que ce soit la"race maudite" (Charlus est à l'affût), la sonorité imaginative des noms, l'emprise mémorielle des images, la pénétration des sensations comme moteur de sa démarche.
On est en effet bien loin de la méthode qui souvent rate ses cibles, du bon Sainte Beuve.