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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 11-11-2009 à 16:04:25

Le douanier Rousseau et ses drôles de machines.

Piéton, fonctionnaire de fantaisie, Rousseau va conquérir les espaces de son travail pour nourrir sa peinture, les retenir avec l'attention presque maniaque du rêveur qui s'en enchante et veut les conserver.
Piéton, il est condamné à restreindre ses explorations aux abords immédiats de la grande cité (Paris). Ils portent, ici et là, l'empreinte furtive mais déjà bien typée de la ville industrieuse. On découvre, par surprise, ce qui fit la sagacité de l'ingénieur, la rigueur de l'urbaniste, ces héros du jour.
Rousseau ne les méprise pas. Il les admire. Un jour il s'émerveillera de leurs exploits. Tel un enfant, il lance dans l'espace ces folles mécaniques, ces extravagantes machines qui défient la pesanteur, chatouillent les nuages flirtent avec les anges. Semblable à l'enfant qui largue sur le bassin du jardin public le frêle navire qui l'emporte au bout de ses rêves, il orne le ciel d'un riche bouquet de ces mécaniques qui rythment un siècle nouveau où il se sent comme un  équilibriste sur le fil tendu de son exploit. Leur accumulation dit bien son enthousiasme, c'est celle de la crédulité. A sa manière il exalte des temps nouveaux. Ses contemporains (Léger, Delaunay) le font dans la recherche d'une certaine rigueur de dessin, une formulation presque mécanique des choses. Lui envoie ses machines comme on lance des ballons gonflés dans l'espace pour marquer sa gaieté.