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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 12-11-2009 à 11:50:31

Le jardin des Plantes, un paradis en cage.

Il faut une histoire pour qu'un jardin se fasse une place dans notre quotidien.
Outre que son prestige tient aussi à l'attention de ceux qui l'ont, peu à peu, au rythme des saisons, composé comme la merveilleuse tapisserie d'un rêve que l'on se passe, de génération en génération, héritage.
Voici que le sagace Robin (Jean) obtient d'Henri IV quelques minces subsides pour créer un jardin d'apothicaire planté place Dauphine.  Dans le voisinage du palais des rois, abandonné depuis quelques règnes à la Justice. On voyait de ses fenêtres, s'étendre les allées rectilignes délimitant les carrés d'herbes aux vertus curatives. Robin, avec la faveur du souverain, va faire venir des plants de Hollande, et il n'hésitait pas d'offrir aux dames de la cour des fleurs, tout en gardant précieusement les bulbes. Jaloux de ses prérogatives il avait été baptisé le Dragon des Hespérides. Nous voilà dans l'espace des légendes.
Il nous faut remonter le cours de la Seine, rien qu'une coudée, pour s'amarrer quai Saint Bernard. Là, sur le lieu de l'abbaye Saint Victor et son voisin la butte Coypeau (allusion aux carpeaux, autrement dit les bouchers) que balisait, côté ville, un monticule aux inclinaisons faites de gravois et d'immondices, on va dessiner un nouveau jardin. Dit "du Roy".
Apparaît Nicolas Houel. Il ajoute à l'espace désormais voué à la conservation  des espèces venues de toutes les parties du monde, un jardin des simples.
Ce jardin était "rempli de beaux arbres fruitiers et plantes odoriférantes rares et exquises, de diverses natures". On l'a notre jardin des Hespèrides.
Le jardin des plantes fut au Roi, c'est quand celui-ci pouvait, d'un claquement de doigts, exiger les plus folles choses, dont celle d'aménager sur le bord de la Seine ce vaste territoire voué à la domestication de la nature.
On  y recueillait les plantes  venues de tous les horizons quand dans les lourds cargos des explorateurs revenus au bercail, la soute remplie d'or, de richesses plus éclatantes, s'entassaient, à fond de cale, ces modestes  boutures arrachées à la forêt vierge en des horizons encore inconnus et qui faisaient la fortune de bourgeois épris de savoir.
Outre qu'll est scientifique le jardin des plantes est celui d'un rêve ambitieux d'une nature sans limites géographiques. Pourtant dominée, classée, balisée par des grillages et forces étiquettes. On y énumère les plus étranges aspects d'une paradis perdu et retrouvé. Mais morcelé.
 Le jardin qui fut du roi est aujourd'hui à tous.
On s'y promène en famille comme dans n'importe quel espace que la ville offre à ceux qui s'y délassent, y viennent respirer le  bon air et se projettent, par la pensée, en de lointains horizons qu'il n'atteindront jamais.