Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 23-11-2009 à 15:37:07
Le territoire de Robert Desnos
Robert Desnos est chez lui dans ce quadrilatère formé par la boulevard Sébastopol, la rue Saint Martin, les Grands Boulevards et les quais. Un Paris de vieux labeur et d'errance entre caboulots et églises largement ouvertes aux mendiants qui semblent, aujourd'hui encore, sortir de quelque gravure du moyen-âge.
La rue Saint Martin largement rénovée lors de la construction du Centre Pompidou, est aussi celle de Gérard de Nerval. De sa maison il ne reste plus qu'une façade blasonnée par la plaque qui indique l'événement.
Ils sont de la même race et leur enfance s'est déroulée à l'ombre de la Tour Saint Jacques l'un des monuments les plus énigmatiques de Paris et comme la figure de proue du merveilleux qui s'y diffuse à qui sait errer (comme le faisait André Breton) dans son voisinage.
Desnos, une enfance de petit parisien pas loin du Gavroche et bientôt happée par la poésie à travers de précoces amitiés avec Benjamin Péret et Roger Vitrac, et, à travers eux, tout le groupe surréaliste autour de Breton.
Ce sera aussi l'aventure de la rue Blomet (au 33), dans ce navire lancé en pleine nuit du rêve autour de Jacques Prévert et Marcel Duhamel et dans le voisinage d'André Masson et Joan Miro. Le territoire de Desnos est tracé. Il y flamboie. Les expériences du rêve, les poèmes loufoques se multiplient et l'amour vient couronner une vie d'aventure mentale. Ce sera Youki (la femme du peintre Foujita) qui bientôt partagera sa vie.
On passe alors à ce appartement de la rue Mazarine (au 19) qui est celui de l'amitié, des fêtes jusqu'au jour où Desnos est emporté dans l'horreur des camps. D'où il ne reviendra pas.
A l'en croire il trouvera "un abri" dans la poésie. C'est un réel plaisir que de l'y retrouver.