posté le 23-11-2009 à 21:15:04
Rimbaud comme un ange par Valentine Hugo.
Un souvenir furtif en amorce à ce qui ne peut être un portrait et guère plus une biographie. Elle était assise, dans la fameux "fauteuil d'Emmanuelle" du Soleil dans la tête. Droite, cheveux blancs tirés sur les tempes, tailleur gris. Une sorte d'icône. Je l'admirais depuis longtemps et regrettais qu'on assimile un peu vite son oeuvre à une peinture "féminine" (il arrive la même chose à Marie Laurencin).
M'importait peu qu'elle fut femme mais grandement qu'elle fut peintre. Et pourtant, avec cette pointe de délicatesse qu'on voit mal sous la poigne d'un artiste qui affirme sa masculinité. Sortons des problèmes de sexe. J'avais en souvenir une admirable composition où elle mêlait les têtes de ses amis poètes Breton, Eluard et Crevel et c'est à propos de ce dernier que je la découvrais, femme de distinction et dont j'ignorais alors qu'elle vivait dans la plus grande pauvreté dans son grand appartement de la place Victor Hugo (sans malice).
On utilisera le portrait de Crevel qui rejoindra celui, éclaté et suspendu dans l'orage, qu'avait imaginé Michel Siméon. Crevel méritait bien cet hommage.
Valentine Hugo s'était fait une "spécialité" d'apporter de riches compositions nébuleuses et parfumées aux textes de ses amis (Eluard, Breton). Elle ira du côté des fantastiques (Achim d'Arnim), et naturellement s'attardera sur Rimbaud. Entretenant le mythe de l'adolescent angélique. Avec quelque chose d'inquiétant dans le regard, et cette étreinte mystérieuse avec une figure de la nuit. Un Rimbaud avec peu de ressemblance avec le modèle vivant, mais dans la perspective de cette mise en scène sacralisant sa beauté et sa fraîcheur
d'adolescent.
Commentaires
le cygne qui vient soigner et guérir le démon en l'Ange qu'il fut, oui, belle reproduction ici du RIMBAUD autant oublié des siens que la peintre elle-même...