posté le 03-12-2009 à 09:42:40
Charles du Bos du côté de Proust.
Il est unique en son temps, un privilégié, de famille aisée et tout entier dévolu au seul souci de se "bien former l'esprit", comme ces jeunes aristocrates du XVIII° siècle qui faisaient le "grand tour", Londres, Munich, Florence, Paris, à la quête du meilleur enseignement possible et à la rencontre de ceux qui vont nourrir son esprit.
Il fut, à Paris, élève de Bergson. Ce qui le met sur sa voie. C'est l'abbé Mugnier, lié à la génération "fin de siècle", qui va l'inciter à tenir son "Journal". Désormais celui-ci sera le pôle de sa vie. Une fréquentation quotidienne de ces pages aussi riches que portées par un élan quasi religieux le maintiendra dans une sorte de sérénité. Du Bos serait-il un moine défroqué ? Un civil, (fort apprécié dans le monde des intellectuels) imprégné de spiritualité. Ses amis, ceux dont il commentait le mieux les oeuvres, étaient Valery, Claudel, Maurois, Gide, Jacques Rivière, et comme il avait une culture franco-anglaise, il s'aventurera du côté de Joyce.
Il a transporté sa bibliothèque dans son "Journal", mêlant le quotidien à une réflexion toujours enrobée de scrupules, de précaution, et comme feutrée par les effets d'une sensibilité aussi vive que profonde.
Il aura été une sorte de Proust de la critique. On l'aborde avec la même dévotion et le sentiment qu'on ne sortira pas sans une sorte de profit de cette fréquentation enrichissante. Encore faut-il la mériter.
Le "Journal" de Charles du Bos implique un type de lecture adaptée à sa nature si particulière. L'idéal c'est de le lire dans un profond fauteuil "club", dans l'ambiance feutrée d'une bibliothèque, pour en savourer l'esprit et le ton. Une lecture de privilégié donc.