posté le 16-12-2009 à 11:31:30
Joé Bousquet naît poète à Vailly.
D'être né (dans une maison faussement normande) à un jet de pierre de l'endroit où Joé Bousquet reçu la balle qui le rendra infirme, m'aura toujours fortement marqué et comme je suis fort sensible aux coïncidences (ou ce qu'André Breton a baptisé le hasard objectif), je serai porté à lire son oeuvre avec un regard différent de celui qui ne s'y sent pas impliqué. Voilà Bousquet condamné à la position couché et enfermé dans sa propre médiation.
Comment l'écriture devient l'axe d'une vie, sa matière même. Sans doute, des amitiés enrichissantes, des amours lucides, une couronne d'images signées Bellmer, Max Ernst, Klee, pour s'inventer un ciel au beau fixe, vont-ils soulager le poids de l'immobilité, ouvrir des perspectives au bord du lit, ce radeau du quotidien. Joé Bousquet sera le poète de l'intériorisation absolue. Une richesse verbale qui s'ancre dans les profondeurs de l'inconscient et lui donne ses lettres de noblesse. La recherche d'une éternité par le pouvoir de l'encre et sur le territoire fécondant du papier.
Il s'avance à tâtons dans l' épaisseur des mots, avec cette liberté mentale que tout poète recherche (mais contraint par la vie active à reporter toujours dans un futur hypothétique) libéré de son corps pratique qui lui laisse un corps pantelant abandonné à l'inertie, mais nullement insensible aux élans vitaux, à la caresse du temps, tendu comme une antenne frémissante aux sollicitations qui nourrissent notre mémoire. Sondant jusqu'au vertige les sources profondes de sa propre préhistoire.
Commentaires
Je lisais cet auteur, au moment de la confection d'un de mes livres que j'ai terminé par une de ses pensées : "il faut que l'âme ait son horizon au-dedans d'elle-même"...