posté le 18-12-2009 à 09:57:38
Cocteau chez Kisling.
Les rapports de Jean Cocteau avec les peintres le conduit toujours vers un état de collaboration qui se traduit par le livre, et, en retour, nombreux sont ceux qui se sont attachés à "lui tirer le portrait". Ceux-ci, dans leur ensemble, traduisent bien l'état historique de la peinture en ces années du début du XX° siècle où une remise en cause de l'espace pictural s'incarne surtout à travers le cubisme et sa longue survivance (jusque durant les Années folles) à travers des oeuvres qui en pratiquent les principes sans lui apporter cette substance forte que les inventeurs (Juan Gris, Braque, Picasso) lui avaient donnée.
Quand Kisling s'attache à situer Cocteau dans un espace qui est celui d'un écrivain (mondain) il lui donne un ton plus rustique et presque naïf, ce qui est bien du charme de l'oeuvre aboutie, avec son silence, sa quiétude, une sorte de temps suspendu qui est bien celui d'une approche bienveillante de son sujet par un peintre qui n'a pas failli à son goût du poli des choses (sans excès) et un rien de gauche dans la mise en place. Kisling va toujours osciller entre modernité et goût du classicisme. Ce qui facilitera sa reconnaissance auprès d'un public bourgeois. J'ai souvenir d'avoir longtemps dormi sous un nu voluptueux de Kisling, square de l'Alboni, chez le professeur Gaston Cordier en lieu et place où souvent on dispose, en figure de veilleuse, une image de la Vierge. On ne pouvait rêver plus charmante compagnie pour un sommeil d'adolescent.
Commentaires
Il est bien calme, je trouve, comme un "gitan aux yeux vairons" si on les pouvait voir mieux, en attente peut-être d'un de ses cigares de cacao ; et, vrai, sa jeunesse lui tient "lieu de beauté", lui qui se disait n'avoir pas beau visage...