posté le 19-12-2009 à 10:31:14
Corot rencontre Gérard de Nerval.
Ordinairement associé au monde de Gérard de Nerval "Souvenir de Mortefontaine" de Corot résume bien l'univers du poète tout en le situant dans son cadre géographique naturel. Les personnages eux-mêmes pourraient être Sylvie ou Aurélia, tant dans la grâce que le caractère intemporel de leur apparence, à mi chemin du réel et du rêve, et dans une lumière qui est aussi celle de l'esprit plus que de la réalité. Voit-on mieux les choses, le monde qui nous entoure, quand on l'associe à un souvenir littéraire, une référence historique, ou encore à un fait de notre propre expérience, inscrit dans notre mémoire. C'est alors dans la mesure où le réel et l'idée que l'on s'en fait (ce que l'on en attend) coïncide qu'on atteint une espèce de perfection, un moment miraculeux.
L'idée du bonheur ne serait-elle pas liée à l'harmonie que mémoire et réalité peuvent concilier et pas nécessairement pas un trait de notre volonté mais par un heureux hasard (cet hasard objectif dont parle André Breton). Toute errance serait alors la simple attente de ces moments de grâce. On peut imaginer que la peinture qui implique un choix (du sujet, du cadre, de l'heure même), un instant de perfection, offrirait alors des séquences de cette harmonie que le quotidien néglige, voire s'obstine à nier.
Commentaires
Ce "peintre-voyageur", il rencontre les résonances des Rousseau-Watteau, aussi, en cette même et curieuse "verticalité" du premier plan, le tout fondu dans le diaphane de l'intemporalité porté par la blêmitude du fond, oui, très beau, très pur, très évanescent. J'aime également ses "figures féminines"...