posté le 28-12-2009 à 12:16:06
Picabia et la Sainte Vierge.
Il entre dans la vocation de Francis Picabia le "devoir" de profanation de toutes les valeurs bourgeoises que "dada" réfutait. Il en fut (avec Tzara, son complice) l'un des artisans les plus féconds en inventions tant verbales que plastiques et, de fait, si étroitement mêlées en leurs effets, qu'il émarge sur les deux disciplines et fait feu de tous bois. Etonnant humoriste, et fort bien armé par l'aisance de sa condition sociale, pour donner libre cours à ses penchants. Il ose tout ce que les autres rêvent et ne peuvent (pour diverses raisons) réaliser.
Le surréalisme naissant fera largement usage de ses propres ambitions et de son énergie créatrice. Il est significatif qu'il est été positionné sur un plan historique, respectivement par Apollinaire et André Breton. Il illustre les ouvrages de ses amis, donne des dessins pour leurs publications (Littérature, Le surréalisme et la révolution). Après une période d'incertitude, et un retour (fort discutable) à une peinture commerciale (traitée avec une heureuse désinvolture), il refait surface dans les années 50, en partie grâce à l'action fraternelle de Pierre André Benoit, éditeur, et de ceux qui veulent imposer les nouveaux courants (l'abstration, dans ses deux courants - géométrique et lyrique- l'informel, bref toutes les tendances de l'époque qui vont de l'avant).
Avec la revue Temps Mélês on a milité pour une reconnaissance (tardive alors) de son génie spécifique. Il incarne l'éternelle jeunesse d'une pensée en liberté.