posté le 04-01-2010 à 12:30:24
Alechinsky à la presse.
Crayon sur coquille.
La coquille indiquant un format type de papier, dont Alechinsy se sert pour cet album tiré sur les presses de Clot - Bramsen, rue Vieille du Temple , Paris (le Marais). Il y a une boucherie chevaline qui fait l'angle de la rue (dans les années 70).
Voir Alechinsky au travail c'est entrer dans le mystère de la création. Sur la pierre lithographique, d'un crayon alerte, sautillant, il invente des circuits fabuleux, des niches à farce, des fleurs fastueuses, des histoires invraisemblables. Il fallait, dans les zones laissées libres à cet effet, donner des mots qui fussent en accord avec cette volubilité, cette ardeur communicative. Et la presse emportait cette moisson, le papier glissait sous le poids des rouleaux et l'afflux des encres. Il en sortait, sous le regard attentif, et professionnel des imprimeurs, des pages portant encore fraîche, l'odeur de la couleur (sans nul doute chaque couleur a son odeur, on n'est pas loin, là, des fantasmes de Rimbaud).
Peu à peu l'album se constituant comme des figures de ballet : pas croisés, saut et gamineries de toutes sortes. On est dans un univers de fête chargée de symboles. Imperturbable, Alechinsky signe chaque estampe, qu'un manoeuvre lui présente, afin de libérer la main emportée dans la répétition de la griffe qui baptise l'oeuvre. C'est un peu comme un rite secret. L'art se fait ainsi à l'abri des regards indiscrets. A côté, sur une autre presse, c'est Asger Jorn qui s'invente des fêtes sombres, il est droit dans sa mission, avec sa figure de gourou (ou de prêtre maléfique). Tout attentif à faire sortir de la presse ses plus énigmatiques créations.