VEF Blog

Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 12-01-2010 à 14:43:50

Jacques Prevel et le cas Artaud.

Que serait Jacques Prevel sans Artaud ? C'est d'avoir exprimé sa folle admiration pour lui, en avoir tiré des souvenirs pathétiques, que s'est portée l'attention du public (plutôt distrait) sur ce poète déchiré, qui a laissé une oeuvre "mince" en regard d'une production littéraire que suppose l'état d'écrivain. Mais l'était-il lui qui n'écrivait pas en professionnel mais comme une nécessité première pour exister. Et c'est ce qui fait toute la différence entre l'homme de lettres (qui n'est pas nécessairement l'homme de l'être) et ceux qui usent des mots pour dire l'essentiel de leur pensée, de leurs sensations, de leur souffrance. De leur difficulté de vivre. Comme si l'usage des mots écartait du "mal" du quotidien. On peut s'y réfugier, y trouver de nouveaux espaces, s'y aménager son propre territoire.
N'était-ce pas le cas de Prevel ? Mais loin de créer un autre espace pour se mouvoir en pensée, il n'abordera le poème que pour faire état de la déchirure fondamentale dont il était fait.
Les titres de ses recueils en disent long : Poèmes mortel (1945), ce sont ceux qu'il adressera à Artaud et qui vont constituer la base de leurs relations, Poèmes pour toute mémoire (1947), De colère et de haine (1950).
Lors de sa sortie de l'asile de Rodez, et quand Artaud revient à Paris, Jacques Prevel est à ses côtés, fidèle d'entre les fidèles (Marcel Bisiaux, Colette Thomas, Arthur Adamov), l'affrontant et l'adulant tout à la fois. C'est qu'il se voyait comme le reflet de cette souffrance qui le taraudait et qu'Artaud avait, avant lui, et de si sublime manière, exprimée

 

Commentaires

Saintsonge le 12-01-2010 à 16:18:23
Effectivement, effectivement, j'ai souvenir de cette fidèlité à la "boule à cris", qui le porta en "mémoire" :

"il serait un simple mot /pour parler sur le ton des prophètes /Un simple mot sans importance / un mot-témoin.../...et qui pour tout le monde ne serait rien..." ET, de dire comme Prevel : "ces joies qui sont comme des douleurs, n'en parlons plus..."