posté le 13-01-2010 à 12:14:17
Hors la Coupole point de salut.
Au coeur de Montparnasse, avec le Dôme et la Rotonde, la Coupole est l'espace stratégique où se font les réputations, où se nouent les intrigues amoureuses, où s'affrontent les idées, où se dessine l'avenir de l'art.
Café légendaire (comme le fut La Nouvelle Athènes au XIX° siècle ou le Certa pour les surréalistes) il incarne les Années folles, l'arrivée à Paris de cette colonie d'intellectuels américains qui, juste avant le krach de 1929, dynamisèrent plus qu'un quartier, plus qu'une ville, la culture française qui va se confronter à cet air vigoureux dont il restera la jazz.
Il fallait y être vu pour être reconnu de ces colonies mouvantes, menées par des codes, des rites et des préjugés qui définissent et qualifient les créateurs dans leur carrière (ils les y enferment, d'où la difficulté de varier de trajectoire quand peintre on veut devenir écrivain, ou le contraire).
Tout absent aura tord, et l'Histoire qui prend le relais des modes, se montre tout aussi injuste qui étale avec complaisance ces pages de sociabilité facile, oubliant les "clandestins"de l'art, ceux qui refusent la mise en vitrine de leur aventure personnelle.
La terrasse du café est la face publique de l'atelier du peintre, du cabinet de l'écrivain (sans parler de ceux qui écrivent sur place), une marche vers la reconnaissance relayée par la gloire qui couronne les plus avancés dans cette stratégie qui fait de l'artiste (de l'écrivain) un people en puissance.
Hors de la Coupole point de salut ?