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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 17-01-2010 à 14:58:19

Virginia Woolf à Asham.

Sans doute la maison d'Asham est liée à la toute nouvelle vie conjugale de Virginia qui vient de se marier avec Léonard (ce juif sans le sous). C'est une grande demeure au milieu d'un non moins vaste terrain, mais dénuée de tout confort. Virginia, en dépit d'une santé fragile, assume avec détermination et courage les contraintes de la vie quotidienne et la maison devient vite un lieu de repos, de replis, au sein d'une activité sociale qui la fragilise et dont Léonard veut la protéger. " Quand Virginia allait à Asham, elle ne trouvait aucune commodité. Pour y arriver même, elle devait parcourir à pied ou à bicyclette plusieurs milles ou se mettre en dépense d'un taxi ou d'une voiture de place. Pour la lumière elle avait des bougies qui laissaient tomber des gouttes de cire sur le tapis, ou des lampes qui fumaient qu'il fallait remplir et dont il fallait couper la mèche le matin ; la chaleur était fournie par le bois ou le charbon, il devait être  transporté dans des seaux, il fallait nettoyer les grilles, préparer les feux ; mal faits ils emplissaient la pièce de fumée ou mouraient misérablement. A la campagne, on obtenait l'eau chaude en la faisant bouillir sur le fourneau. L'eau froide devait être pompée tous les jours dans une citerne, et Asham n'était pourvu que d'une garde-robe à terre pulvérisée...." (Quentin Bell).
Les amis viennent et y poursuivent cette vie de fraternité intellectuelle qui aura toujours été la force des membres de Bloombury.  Là où ils sont (Lytton Strachey par exemple) l'esprit (et le cancanage) vont bon train.
Dans son Journal Virginia note "juste de retour d'une promenade à pied dans le parc en cette incroyable journée d'automne (1918 au moment de l'armistice), il y a des baies orangées sur certaines maisons ; les hêtres sont d'une couleur si vive que tout parait pâle quand on les a regardés".