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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 31-01-2010 à 11:23:00

Le Paris de Jacques Prevel c'est Artaud.

Le Paris de Jacques Prevel est singulièrement réduit, centré autour de la figure d'Antonin Artaud qu'il rencontre chaque jour dans le quartier Saint Germain des Près (Artaud vient d'Ivry sur Seine mais hante les cafés de Saint Germain). Entre le 3 bis rue des Beaux-Arts, où il habite, et la rue du Dragon, et les étapes dans les hôtels les plus modestes du quartier, il se fait un itinéraire qui est celui de son "mal être" et de sa passion dévorante pour Artaud dont il quête les moindres mots, les plus capricieuses complicités, car Artaud n'est pas tendre avec lui (l'est il seulement avec ceux qui l'entourent et tentent de le sauver de lui-même de sa lente chute vers la mort ?) C'est qu'Artaud, de retour de Rodez est alors vénéré par un groupe réduit d'amis (Adamov, Colette Thomas, Marcel Bisiaux) et que l'on publie quelques uns de ses textes les plus importants comme "Van Gogh le suicidé de la société" (qu'il écrira dans l'entre-sol de la galerie Pierre, rue des Beaux-Arts) ou "Pour en finir avec le jugement de Dieu", édités sous le label de la remarquable petite maison d'édition K.
J'ai longtemps erré dans ce réseau de ruelles encore médiévales conservées au coeur de Paris, ponctuées de galeries d'art, de librairies attachées à la poésie. On  s'y construit un espace qui a des allures de bulle échappant à la réalité et aux contingences d'un quotidien autrement médiocre. Pratiquement, chaque immeuble est marqué par le souvenir d'un illustre habitant, une page ardente de l'histoire de la littérature. Tant d'ombres s'y rencontrent, tant de souvenirs s'y réveillent, c'est une promenade chargée et chatoyante.






 

Commentaires

Saintsonge le 31-01-2010 à 12:46:04
La "boule à cris" fut dans quel immeuble, exactement ?.. Il ne fut pas tendre avec lui-même, donc forcément nullement avec qui pouvait le côtoyer, je pense... C Q F D