posté le 01-02-2010 à 15:24:59
Dans les ruines de Tipasa.
C'était un été brûlant, mêmes les pierres, sous la main, distillaient les feux de l'enfer. On allait se réfugier sous les groupes d'arbres où une eau cristalline s'écoulait d'entre de vieilles pierres et se mourait dans le sable. Des colonnes tronquées, renversées, s'enlisaient dans la végétation affolée et rampante, tandis que la mer, aux termes de l'horizon, frissonnait doucement.
On évoquait des légions romaines casernées en l'endroit et festoyant les soirs d'été à la lueur des torches. Le couvre feu nous interdisait des manifestations aussi ostentatoires de notre joie d'être réunis autour d'un festin, avec en fond sonore une musique aigre que nous changions parfois pour des chanson françaises, ou la rage du jazz qui prenait sous le ciel étoilé des sonorités étranges qui nous allaient au coeur.
Mais, bravant la consigne, certains allaient rôder dans les ruines, chassant des animaux de la nuit qui s'y croyaient oubliés, et l'on parlait de rendez-vous galants, eux aussi interdits. Le port du fusil donne du prestige dont il est parfois difficile (et risqué) de tirer profit. (a propos de la guerre d'Algérie).
Commentaires
Très camusien !