posté le 02-02-2010 à 12:07:14
Portique flamboyant.
Inscrivons au fronton d'un nouvel itinéraire dans le foisonnement des rêves, la phrase magique de Gérard de Nerval : " Le rêve est une seconde vie. Je n'ai pu passer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible."
Victor Hugo aura dessiné pour nous ce portique qui ne tient à rien de connu mais suppose des architectures tremblantes de crainte devant les gouffres auxquelles elles donnent accès. Car il est tout un appareillage inventé pour sortir de notre quotidien, préparer à de nouvelles contrées où rôdent de redoutables fantômes. L'architecture qui l'annonce est au plus près de cette montée lente et inexorable de menace contre laquelle elle n'offre que la dentelle de ses fragiles érections. Elle défie ses peurs autant qu'elle prépare aux voluptés d'un rêve magnifique.
La splendeur des palais n'est-elle pas une manière de conjurer cette crainte, sinon qu'on s'y engouffre à la quête d'improbables souvenirs et d'une mémoire en lambeau.
L'architecture suppose les foules, appelle à la fête, à l'émeute. N'est-ce pas dans les salons où la monarchie célébrait ses futiles pouvoirs que la foule a exhibé des têtes sanglantes emmanchées sur des piques ?
Mais c'est l'inimaginable qui offre encore plus de menace. Notre peur est à la mesure de nos connaissances, au delà c'est la chute dans l'inconnu. On pourrait y situer les portes de l'Enfer.
On partait d'un rêve (d'un appétit de rêve) on débouche sur le cauchemar. Ne sont-ils pas voisins, ou les deux faces d'une même médaille. Selon la phase que l'on contemple on s'émerveille ou l'on s'effraie.
Commentaires
Le pauvre Nerval que nul n'aima
Son triste esprit comme un trépas
Sa vie fut ses romans et vice-versa
Je pense qu'une même phrase, bonne ou mauvaise, sera interprétée différemment, selon qu'on soit d'humeur joyeuse ou tristement lugubre comme le plus vénéré des lieux hugoliens !...