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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 07-02-2010 à 14:54:32

André Gide, "homme de lettres".

Les Cahiers de la Petite Dame (Maria Van Rysselberghe, femme du peintre Théo Van Rysselberghe, qui s'est prise de passion pour André Gide,  a suivi avec fidélité l'écrivain jusqu'à sa mort ) consacrés à la vie quotidienne d'André Gide permettent d'entrer en effraction dans le quotidien de cet homme volontiers en posture d'officiel des lettres.  Il s'est fabriqué une gloire interdisant tout repos quand l'opinion réclame constamment son opinion sur toute chose, dotant celle-ci d'une qualité qu'il se doit de respecter et à laquelle il doit répondre pour subsister et conserver son crédit qui est grand.
Le voilà épinglé avec attention (un rien de tendresse aussi), suivant chacun de ses gestes, relatant tous ses choix, le mettant toujours en situation centrale parmi tout ce que le monde des lettres de l'époque compte de célébrités, d'écrivains souvent à son égal, contraints d'assumer leur rôle. Y passent, en figures de légende tous ceux dont Gide a la confiance et l'amitié (en particulier Roger Martin du Gard qui est l'un des plus présents) le personnel de la NRF dont Gide avait été l'un de initiateurs, Marc Allegret l'objet de son amour (presque paternel) et naturellement Elizabeth et Catherine la première fille de Maria et la seconde de Gide lui-même.
En allant au moindre détail  la Petite Dame démystifie la "grand homme" sans l'avoir voulu. Le Journal ("cahier" est-il précisé) a des allures d'inventaire, et la tournure des rapports de police. Utile sans doute au chercheur qui veut préciser l'un des aspects multiples d'une vie fort active portée sur le travail littéraire dans ses moindres détails. On est au coeur d'une sorte de laboratoire qui enferme le créateur parmi ses manies, ses angoisses de créateur, ses choix et ses options (même en politique) qui vaut surtout pour sa dimension documentaire. De trop savoir sur l'objet de notre admiration gardons nous les raisons de l'admirer ?

 

Commentaires

Saintsonge le 07-02-2010 à 18:58:28
Tout de même, sous l'égide de Gide, Proust n'eut pas la "gloire"...