Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 10-02-2010 à 14:17:01
Soupault regarde le douanier Rousseau.
Comme la plupart des surréalistes Philippe Soupault est très attentif au phénomène de la peinture. Mais loin de s'en tenir à ses contemporains ( des frères d'arme) il glane, ici et là, des artistes qui entrent dans sa mythologie personnelle ou répondent aux élans poétiques qu'il exprime dans sa propre langue mais sait reconnaître chez autrui.
Eclectique il l'est, tant pour ses options littéraires (de Labiche à James Joyce), que picturales, et en cela exemplaire. Autant André Breton, en dépit de sa clairvoyance et de son acuité, n'échappe pas toujours à un certaine sectarisme, Soupault (au risque d'irriter justement ses amis) voit plus large et sans préjugés.
Cela le mène de Piero della Francesca au douanier Rousseau en passant par William Blake. Pratiquant une approche de la peinture qui ne se donne pas pour argument un style mais un univers personnel dans lequel il se reconnaît.
Le cas du douanier Rousseau est particulièrement intéressant parce qu'il met en lumière le caractère à la fois "sauvage" et merveilleux d'un univers qui a trouvé son auditoire par l'intermédiaire des poètes (Jarry, Apollinaire, Fargue) et s'est développé dans une grande solitude qui est le ferment des oeuvres puisant dans le plus profond du subconscient. La curiosité de Philippe Soupault à son égard est celle d'un sourcier : journaliste, éditeur, galeriste, Soupault a été un formidable découvreur de talents.
Commentaires
"découvreur de talents", on pourrait le baptiser, justement : "douanier"-Soupault ?..