Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 11-02-2010 à 10:37:39
Méryon à la morgue.
D'ordinaire, Méryon voit en plan large, avec une vue vertigineuse sur le ciel, pour y déployer de vastes envolées d'oiseaux. Il offre une vision crépusculaire de Paris, des séquences dramatisées. Le voici s'enfonçant dans les ombres inquiétantes de la morgue qui, installée sur les bords de la Seine, permet l'évacuation quasi clandestine des cadavres. Pensons, au passage, à l'inhumation presque honteuse d'Isabeau de Bavière dont le catafalque posé sur une barque filait le long du fleuve pour échapper à la colère populaire.
Méryon s'est placé face à l'Hôtel-Dieu, qui a aujourd'hui disparu, porté, par les soins de Viollet-le-Duc, de l'autre côté de la place, laissant l'espace libre pour y dresser l'orgueilleuse statue d'un Charlemagne impérieux.
Quand Méryon le voit, c'est un ensemble de bâtiments vétustes, en partie délabrés, où l'on entasse jusqu'à six les malades dans un seul lit, parfois un agonisant près d'un mort, et un malade pas loin de l'être aussi.
Méryon est bien là dans son monde d'horreur muette, impassible et sombre, dans un Paris qui est resté médiéval en nombre de ses endroits et surtout aux abords de la Seine, cette route aquatique complice de tant d'horreur honteuse, et propice aux crimes. Un Paris que réinventera Eugène Sue, qu'esquissa d'une plume ardente Victor Hugo. Et dont Baudelaire s'inspire pour alimenter son spleen.
Commentaires
Avouer son ignorance, c'est s'en guérir, ici, sincèrement, je ne le connaissais pas ! Merci de l'apport.