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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 18-02-2010 à 10:44:04

L'écriture si tranquille de L.F.Céline.

L'ouverture d'un livre, l'attaque du texte, l'impulsion qui va déterminer le rythme de l'écriture, est un peu une manière de porte (ou de fenêtre) que l'on ouvre sur l'horizon. Quel est son aspect, de quelle matière est-il fait. On découvre ses lignes générales, ses cadences, sa manière d'exister dans l'espace et de déclarer sa nature.
Un manuscrit est à la fois le terrain de l'aventure littéraire et la conquête de l'espace qu'il s'est ouvert.
Le remplir, oui, mais de quelle manière. C'est là qu'intervient le style. L'écriture est le vêtement du style, sa parure.
D'où l'intérêt justement porté aux manuscrits des écrivains et l'assurance des aveux qu'ils nous abandonnent. On se penche sur l'intimité de la création, on peut y lire la joie (dans l'assurance, l'avancée rapide des idées, de leur formulation), ou au contraire, la souffrance (les manuscrits de Flaubert).
On le suit quand il musarde (les dessins en marge du texte), on y sent frémir les pulsions de l'inspiration, l'apaisement dans la régularité d'une graphie qui a trouvé son rythme, comme un corps qui marche à la mesure de ses possibilités physiques et "va à son pas",
Un manuscrit n 'est pas que le portrait de l'auteur (une simple lettre l'est). C'est plus que cela, l'entrée au plus intime de sa pensée, de la manière de la faire fonctionner, d'y circuler, d'y extraire les pépites par quoi elle s'affirme, s'offre au regard des autres, des lecteurs.
Alors on peut s'interroger. Que penser du manuscrit du "Voyage au bout de la nuit". Louis Ferdinand Céline le protestataire est là si tranquille au départ de sa terrible aventure littéraire !

 

Commentaires

Saintsonge le 18-02-2010 à 11:20:22
Cher ami, ce n'est absolument pas l'écriture de Céline du Voyage au bout de la nuit (manuscrit exposé et vu sur quimper le 21.01.02, de la bibliothèque Bolloré - chez Sotheby's, que vous avez sûrement...) : une écriture large, vive, penchée, peu de phrases (Hénaurmes, aurait écrit Flaubert) à travers une page, sur toutes, ah, non pas "tranquille" du tout, du tout (je sais que l'écrivain est double, voire triple, répondant à l'injonction de Racine : je trouve deux hommes en moi...) J'ai ainsi vu l'intranquillité d'être de Céline... Bonne journée, tranquillement...