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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 19-02-2010 à 11:14:11

La femme selon Lucien Clergue.

Natif d'Arles, il lui est resté fidèle, et l'a doté de son essentiel rendez-vous annuel consacré à la photographie. Devenu une sorte d'officiel ( d'être académicien semble paradoxale avec l'esprit même de son  art), on peut regarder son oeuvre dans une perspective qui l'aura défini. C'est tout d'abord aux rivages des étangs de la Camargue qu'il porte toute son attention. Rivages qui veulent dire cet amoncellement de choses (de détritus) qui parlent de la mort. Dont des cadavres d'animaux.  Une lecture précise et froide (objective) qui le projette vers le domaine de l'eau qui désormais sera son terrain favori. De l'eau, la légende le confirme, est née Vénus. Née de la vague la femme fait corps avec l'élément liquide dont elle a gardé la fluidité, les éclats, la douceur quand elle suit les courbes du corps, valorisant la chair qu'elle exalte.
C'est ce mariage intime du nu avec la vague qui devient le  sujet majeur de l'oeuvre de Lucien Clergue, s'attirant l'attention de Picasso, de Cocteau. Pour les poèmes de Paul Eluard il trouve les plus évidents équivalents photographiques.
Sans artifices, ni ajouts pittoresques, il célèbre la nudité féminine au naturel, avec l'évidence des premiers jours. C'est un nu des origines. De fait, intemporel, défiant la mort dont il est presque né. Il n'a aucun connotation érotique, ce qui le fait très éloigné de la production habituelle, passant si facilement du nu à l'esprit velouté ou canaille du "charme". Une oeuvre singulière et d'une beauté qui rappelle parfois celle de la statuaire antique.