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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 27-02-2010 à 10:40:20

Jacques Rivière, le modérateur de la NRF.

Jacques Rivière, le juste milieu.
Il fallait, à un navire partant en haute mer, un homme qui tint la barre. Après sa création, les grands parrains laissent la tâche à des "secrétaires" qui assurent la permanence, les relations toujours délicates avec les auteurs, et mission non moins ardue, en trouver et ne pas rater ceux qui promettent un bel avenir. Apparaît Jacques Rivière, André Gide ayant reconnu ses capacités à y répondre. Le voilà à la tête de la NRF en 1919, (qu'il avait abordée en 1911 avec l'aval de Gaston Gallimard),  après qu'une guerre apocalyptique ait modifié radicalement la société. Mais comme toute "après-guerre" c'est le règne de l'esprit et l'audace des aventures intellectuelles.
Dans le paysage ardent qui voit les "écoles" se suivre et se combattre Jacques Rivière sait  donner à chacun ses chances d'être au sommaire de la prestigieuse revue.
Catholique (sous la houlette rude de Paul Claudel), il cultive les amitiés de haute exigence. C'est le fameux "pentagone étoilé" : Proust, Claudel, Gide, Saint John Perse, Mauriac); mais ce fut aussi, avant la guerre, celle d'Alain Fournier (il épouse sa soeur Isabelle).
Jacques Rivière, par un mélange de détermination, une curiosité étendue, attire à la NRF tout ce qui compte, de "dada" à ce qui seront les grands classiques de l'époque comme Martin du Gard ou Malraux.
Curieux ? Le prouverait sa propre activité d'écrivain où on le voit passer de Baudelaire à Gauguin, de Bach à Ingres, de Wagner à Cézanne. Qui dira mieux en matière d'éclectisme ? Et la modestie du propos (Etudes) ne doit pas cacher l'essentiel. Jacques Rivière va au coeur du problème de la création.
Comment comprendre alors l'intensité de son étrange échange épistolaire avec Antonin Artaud, au comble de l'angoisse d'être et de le dire. Jacques Rivière y répond par le ton de la modération.

 

Commentaires

Saintsonge le 27-02-2010 à 12:50:24
J'aime les lettrés de "haute exigence", et, en regard à votre article, ne peut-on dire, qu'en ces temps de moindre "paix", les éditeurs manquent "d'esprit et d'audace", tout un fatras de publications me navre bien souvent, pas vous ,.?