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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 04-03-2010 à 14:45:13

Kopac entre l'art brut et le surréalisme.

Une première fois, ce fut dans la galerie que le photographe John Craven avait créée rue des Beaux-Arts (un espace lumineux, un accrochage désinvolte mais vivant). Une oeuvre de Kopac flamboyait sur le sol, sorte de totem narquois et un rien insolent. On apprenait (Michel Ragon le confirmera lors de sa présentation ultérieure à la galerie Mona Lisa) que Kopac avait été le secrétaire (sic) de l'institution dont Jean Dubuffet amorçait la création et qui devait être consacrée à l'Art brut. Venu de la galerie René Drouin, place Vendôme,  Kopac se retrouve dans ce charmant petit pavillon au fond du jardin de l'hôtel où s'est fixé Gallimard. Trop brève aventure qui s'achève sans éclat. Kopac menacé de disparition. Mais Benjamin Péret (qui s'était intéressé aussi à Gaston Chaissac) le redécouvre et avec Andre Breton lui donne une nouvelle chance dans la sulfureuse galerie "L'Etoile scellée" qui était devenue une étape de l'aventure surréaliste. Etrange parcours que celui de Kopac, reconnu comme artiste de l'art brut et célébré par les surréalistes. C'est dire combien est riche sa démarche et complexe son univers.
Pour compliquer encore l'approche de cette oeuvre on apprend qu'elle séduira Asger Jorn grand prêtre du mouvement Cobra et qu'il se plaisait à faire se côtoyer leurs travaux.
C'est que Kopac n'est pas qu'un peintre sur toile mais manipulateur de matériaux les plus divers. Ce en quoi il se rapproche des artisans de l'art brut.
Philippe Dereux (lui-même inventeur d'une technique de collage à base d'épluchures) ne manque de rappeler qu'il "utilise tour à tour - et souvent combinés- la pâte plastique, le ciment, le bois - de préférence usé, vieilli - le verre cassé, fragmenté - la lave, l'ardoise, la pierre, la brique, le papier, la serpillière, la terre - nous voulons dire la céramique - pour créer son univers". Et de conclure : " il est, dans des réussites les plus significatives, et si l'on considère dans sa ligne de force plus barbare que les arts barbares, plus primitif que les arts primitifs, comme si l'artiste, par un prodigieux recul de quelques millénaires, revenait aux sources de l'humanité"
C'est dire à la fois l'originalité (la singularité ?) et la fraîcheur d'une oeuvre qui échappe à toute classification tant elle parle à notre inconscient plutôt qu'à notre soit-disant bon goût de "civilisé".