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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 06-03-2010 à 11:24:22

Mabel Dodge Luhan parle de D.H.Lawrence.

Axé sur les séjours de D.H.Lawrence à Taos (sur son invitation) l'ouvrage de Mabel Dodge Luhan a valeur de témoignage de "première main". Il s'inscrit dans de vastes mémoires suivant la carrière mondaine et intellectuelle d'une femme ardente et fantasque avec laquelle Lawrence aura des rapports complexes et tumultueux. Mabel Dodge, après une vie mondaine à New York où elle tenait salon décide de se retirer au milieu des indiens du Nouveau Mexique et fascinée par leur mode de vie elle songe à Lawrence pour en faire une sorte de témoin, espérant qu'il mettrait sa plume au service d'une civilisation en perdition. D'autant qu'elle savait Lawrence lui-même engagé dans une sorte de combat contre la civilisation occidentale qui, selon lui, tuait les germes naturels de l'homme, et conduisait la civilisation à ses pires excès (cela au début du XX° siècle ce qui lui donne le statut de précurseur des problèmes évoqués aujourd'hui).
Lawrence qui pratiquait un quotidien fruste et "proche de la terre" sera d'abord sensible à l'exemple donné par un environnement enchanteur (quoique rude au quotidien). De son séjour naîtra l'un de ses livres les plus singuliers : "Le serpent à plume" et divers textes et nouvelles (dont "Matinées mexicaines").
Peignant Lawrence au quotidien Mabel Dodge démystifie grandement l'homme qui révèle à son contact ses faiblesses, la complexité de ses rapports affectifs étant compliqué par  l'hostilité de son épouse, l'encombrante Frieda, et la présence d'une admiratrice pittoresque, Dorothy Brett (qui laissera, elle aussi, de piquants souvenirs).
L'ouvrage qui a parfois des allures de règlement de comptes, n'échappe pas aux ragots et le caractère impulsif et bizarre de l'auteur, offre de Lawrence un portrait en creux. Pathétique jusque dans ses outrances, les faiblesses qu'il souligne, les traits mesquins qu'il révèle.