posté le 12-03-2010 à 10:15:17
Louis Hourticq plaide pour l'identité française.
L'identité française vue par l'art.
Plus que jamais, et jusque dans les limites qu'elle s'impose, l'étude de Louis Hourticq consacré au "Génie de la France" est d'actualité.
Hourticq est considéré comme totalement dépassé et sa méthode peut aujourd'hui connaître une défaveur devant l'émergence d'une critique de l'art qui fait la part belle à l'auteur. Une personnalisation du discours critique (ou historique) ouvre de nouveaux horizons mais relève du relatif, de l'arbitraire. N'apprécie-t-on une oeuvre qu'à travers le regard (fut-il percutant) d'une forte personnalité qui naturellement en infléchira le sens en fonction de ses propres critères. Cela va de la remarquable synthèse d'un Elie Faure à des textes de Georges Bataille, André Breton, Apollinaire, qui, tous, regardent l'art avec le regard de "l'écrivain" ce qui n'est pas le cas de Louis Hourticq, offrant en revanche une illustration de ses textes avec ses propres dessins des oeuvres citées, ce qui est une manière d'approche plus attentive.
D'invoquer le "génie de la France" va, naturellement, à l'encontre de notre vision planétaire de l'art aujourd'hui, (Malraux n'y est pas pour rien). Invoquer un génie en fonction d'un territoire, d'un résultat de l'Histoire (qui façonne le territoire), et cerner une culture (donc une tradition) en la balisant d'une aussi stricte manière, interdit un regard global, qui explique les vastes mouvements d'influence, la circulation enrichissante des idées, l'évolution des formes.
Enfermer l'art dans une sorte de bastion mental n'est pas sans risque, il est pourtant aussi une manière de spécifier une culture, lui donner toute sa force. Surtout si elle est menacée.
Commentaires
Ce livre pourrait faire pendant à la réédition chez Fayard de "la ritalade" d'aigues-mortes, trop d'italiens sur le sol français de... 1893 prouvent que la notion "d'identité nationale" ne date pas du soulèvement d'aujourd'hui ni de l'époque d'Hourticq, je pense, ce massacre d'anomie (mot de Durkeim) précise la xénophobie très tôt ancré dans la mémoire humaine, la rupture sociale n'aidant en rien (il y eut l'affaire dreyfus pas loin... de cette "rafle" d'italiens...)... à la cantonade, presque... Car qui le sait encore ?