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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 15-03-2010 à 15:18:52

L'héritage de Wols.

Des années 60 aux années 90 l'exemple de Wols comptait autant pour les jeunes artistes que celui de Nicolas de Stael, comme si le paysage artistique s'était balisé et offrait des voies, sinon contradictoires du moins en conformité avec un tempérament. Juste situation en regard des ambitions données à la peinture (et même celle qui s'accordait encore au rôle du chevalet) qui fouillait l'inconscient (dans l'héritage du surréalisme) et celle qui tentait de faire une sorte de synthèse du réel, d'en donner l'essence (comme René Char donnait l'essence, par les mots, d'une réalité tangible).
Wols en figure de légende aussi en raison de sa mort subite et dramatique, de son environnement culturel dans le Saint Germain des Près des années 45-50 qui était frappé par le prestige de Jean Paul Sartre et le retour de Rodez de l'incontournable Antonin Artaud, autre figure de légende.
Wols et son passé de prestigieux photographe (pas si loin que ça des errances urbaines de Brassaï), son emprisonnement pendant la guerre (comme citoyen allemand) et ses prestigieux choix littéraires (Kafka, Paulhan, Sartre) qui le situait dans cette zone où l'espace des mots est investi par les formes, ou plutôt la fébrilité graphique qui s'enlace aux mots, les détourne, les agresse, se substituant à eux comme chez Henri Michaux, parfois voisin de Wols, sinon que ce dernier prolonge cette errance graphique jusqu'à la blessure quand Michaux y construit une peuplade d'étranges fantômes.
Wols en figure de proue de ce qui sera un véritable mouvement dont Georges Mathieu tirera le meilleur parti en s'appuyant sur son voisinage prestigieux, et Camille Bryen une manière de frère en quête ardente où la poésie se confond avec la peinture.


 

Commentaires

Saintsonge le 15-03-2010 à 17:36:05
Il s'agit bien là du dénommé Alfred Otto Wolfgang Schulze, n'est-il pas (1913-1951) ?.. Le pendant de Jean Fautrier, lui-même venu de cet art de Tobey fondé sur l'analyse de la nature plus que d'une "nécessité intérieure", Tobey disant :"notre domaine aujourd'hui n'est ni national ni régional, mais bien plus la compréhension de cette terre unique..." n'est-il pas, cher ami ?.. Et, cet allemand qui vécut en France eût dû plus apporter aux intelligences de l'art européen qu'au nazisme et à la saleté de la milice française, n'est-il pas encore ?.. De bien meilleures formes "multi-évocatrices" de paix !..Ce poème de Wols, je crois : "A Cassis les pierres, les poissons / les rochers vus à la loupe / le sel de la mer et le ciel / m'ont fait oublier l'importance humaine...etc" AH oui, Wols, alors me montrerait "l'éternité dans les petites vagues du port qui se répètent "ici, sur Douarnenez-Tréboul. Mettriez-vous Pollock, après, Matta, Mirô (j'y pense) Action Painting.. AH je me sens moins seul, moins isolé, tout à coup... Bien à vous.