posté le 17-03-2010 à 11:08:18
La comtesse de Ségur, un manuel de savoir vivre.
Sous couvert de distraire les enfants, de les ouvrir au monde, la littérature enfantine du XIX° siècle propose en fait un véritable catalogue d'instruction morale (sinon civique) qui est entre les mains d'une bourgeoisie cultivée mais pétrie de préjugés et les tenants d'une aristocratie (la comtesse de Ségur) qui s'arroge le droit (sinon le devoir) de dispenser la bonne parole, d'influer sur le cours de la société dont elle tient encore les rênes du pouvoir, et dont elle estime représenter l'aspect le plus accompli.
Il est significatif que la littérature de consommation bourgeoise (et très conventionnelle) s'invente des personnages à consonance nobiliaire, rejetant la société du peuple qu'elle ignore (ou méprise) dans les abîmes d'une déchéance que Zola va brutalement (mais efficacement) analyser.
"Les Petites filles modèles" de l'incomparable comtesse de Ségur reste le texte type de ce regard qui a la charme désuet d'un bonheur moins naïf que prétendu, mais emprunt d'une certaine grâce qui confectionne les bons souvenirs.
Le succès reconduit (et même partagé par les garçons) de cette littérature étayée par un souci de pédagogie, prouve bien que si elle a perdu son caractère éducatif elle a acquit une saveur qui est peut-être à mettre au compte de la nostalgie.
Commentaires
c'est ca qui fait le charme de la littérature du 19 ième siècle